Amsterdam est une destination plutôt inattendue pour l’amoureuse d’Europe du Sud que je suis. Et pourtant, loin des clichés sur la « destination cannabis », Amsterdam est l’occasion de découvrir le charme d’une métropole cosmopolite à taille humaine, dans une ambiance que certains qualifient même de provinciale. Sans viser l’exhaustivité, je vous propose ici quelques pistes pour aborder un court séjour à Amsterdam, l’une des villes qui prétend au titre de « Venise du Nord ».
Balades et ambiances
La ville s’organise autour des nombreux canaux qui la traversent dont certains sont classés au patrimoine mondial de l’UNESCO comme les cinq petits canaux du quartier bobo de Jordaan au nord-ouest de la ville (Egelantiersgracht, Bloemgracht, Lauriergracht, Looiersgracht, Passendersgracht). Ce quartier, anciennement quartier ouvrier et aujourd’hui très prisé, se prête à la flânerie. Il est souvent considéré comme le quartier le plus agréable d’Amsterdam ; on y trouve notamment le musée de la tulipe, véritable institution horticole de la ville. Il est bordé à l’Est par le Quartier des Canaux : ces canaux plus larges permettent des promenades en bateaux-mouches, une excursion idéale pour une première approche d'Amsterdam. On peut acheter ses billets et démarrer une telle balade à partir du Stadhouderskade, zone située juste derrière le Rijksmuseum, à l’extrême sud du quartier des canaux.
La ville se découvre aussi à pied et en vélo. Elle est aussi très bien desservie par les transports en commun : bus et surtout tramway.
La recherche des maisons les plus authentiques peut être un fil conducteur de promenade. On remarque que les demeures traditionnelles ont été construites en hauteur (elles se terminent en escaliers) de façon étroite à cause de la taxe qui étaient calculée en fonction de la largeur de la façade, mais profondes. Parmi les (façades de) demeures à voir, il y a celle située au 123 sur le Keisersgracht, construite en 1622 dans le style de la Renaissance hollandaise. Elle fut par la suite habitée par Louis de Geer, capitaine d’industrie célèbre pour son commerce du fer avec la Suède ou encore par l’enseignant tchécoslovaque Comenius. La maison est fréquemment appelée "Maison des Têtes" à cause des bustes romains placés en haut de la façade. Si certains les considèrent comme de simples bustes de dieux classiques, une légende locale raconte que ces visages auraient été inspirés par les têtes de cambrioleurs coupées par une servante. La demeure 609 de Keisergracht, datant de 1601, est aujourd’hui le musée Fodor, du nom de son dernier habitant, un riche industriel du XIXe. On distingue aussi des maisons jumelles, identiques et côte à côte. Dans ce cas, les maisons étaient plus petites que les maisons traditionnelles et il n’y avait alors plus besoin d’une arrière-maison (ou maison d’été), type de construction que les riches familles de marchands commencèrent à développer à la fin du XVIIe siècle (pour recevoir des amis par exemple).
123 et 609 sur le Keisersgracht
En hiver, les rues sont particulièrement illuminées notamment pendant la période des fêtes de Noël et jour de l’an. Ces illuminations chaleureuses sont à l’image de l’accueil que font les Amstellodamois aux étrangers. Le sourire, l’attitude très serviable et les petites attentions dans les restaurants en font de très bons hôtes.
Sorties
Amsterdam regorge de possibilités pour satisfaire tous les types d’attente.
On peut boire un verre sur la place Nieuwmarkt dans la vieille ville, place qui s’organise autour du Waag, construction médiévale qui représentait autrefois la sortie Est d’Amsterdam lorsqu’elle était encore entourée d’eau. Ce n’est qu’au XVIIe siècle que le canal fut asséché pour permettre la construction d’une place de marché. C’est aujourd’hui, à n’en pas douter, l’un des coins les plus animés d’Amsterdam. Parmi les bars les plus plaisants qui s’y trouvent, on note notamment le Café Cuba. Certains curieux apprécieront un détour par le Quartier Rouge non loin de là, avec ses prostitués en vitrines… A voir, ou pas !
On peut trouver différentes atmosphères dans les bars d’Amsterdam comme au Maleo Melo, bar vintage du quartier Jordaan qui propose une ambiance très blues.
Notre GROS COUP DE CŒUR du séjour est le restaurant Haesje Claes, dans le centre. Un accueil très chaleureux et une nourriture de qualité nous ont fait passer une agréable soirée : dès notre arrivée, on nous a enlevé les couverts d’à côté (nous étions deux sur une table de quatre) et disposé une jolie plante à la place, puis du pain et du beurre doux finement agrémenté d’herbes nous ont été amenés pour s’ouvrir l’appétit. On peut déguster des plats typiques tels que le Stamppot qui se décline en plusieurs versions : on a particulièrement apprécié celle avec le hochepot (purée de carottes et d’oignons), boulette de viande, saucisse et lard. On peut aussi agrémenter son repas de la bière locale Brouwerij’t qui se fabrique dans un moulin du quartier Plantage. On trouve d’ailleurs à côté de cette fabrique une brasserie agréable du même nom qui propose ces bières biologiques locales.
Pour être sûr d’avoir une place à Haesje Claes: manger à la hollandaise (vers 17h30-18h) ou bien réserver.
La ville regorge de nombreux clubs dont certains sont mondialement connus. On peut aussi faire la fête et danser dans certains Coffee Shops comme au Bulldog du quartier Leidseplein (quartier festif) : des gens de tous horizons dansent dans une ambiance décontractée et décomplexée. L’espace permet aussi de ne pas être asphyxié par un nuage dense de fumée de haschich (comme cela peut être le cas dans d’autres coffee shops), ce qui est particulièrement appréciable lorsque l’on n'en consomme pas.
Architecture
La place Dam, à la forme irrégulière, est le cœur de la ville. Son nom signifie « digue » en néerlandais. Il s’agit de la partie la plus ancienne de la ville. C’est ici que fut construite voilà des centaines d’années, une écluse pour protéger les maisons des pêcheurs des eaux agitées du fleuve Amstel et c’est à partir de cette zone que la ville se développe par la suite. S’y trouvent le Palais Royal, représentatif du classicisme hollandais, construit au XVIIe siècle qui est aussi le siècle d’or d’Amsterdam, c’est-à-dire le moment où la ville est l’une des plus prospères d’Europe grâce à son commerce florissant. Se trouvent aussi sur la place Dam, la Nieuwe Kerk, basilique de style gothique et l’obélisque de la Libération construite en 1956 en hommage aux victimes hollandaises de la Seconde Guerre Mondiale. L’ancienne Poste Centrale, située à proximité du Palais Royal et aujourd’hui un centre commercial, est un chef-d’œuvre du classicisme monumental, aussi appelé « Renaissance hollandaise ».
L’autre ensemble incontournable est celui de la Gare Centrale et de l’église Saint-Nicolas. Construits tous deux à la fin du XIXe siècle, ces monuments se font face. La gare centrale a été construite sur un îlot artificiel par le même architecte que le célèbre Rijksmuseum, grand édifice permettant de voyager à travers l’histoire (de l’art) des Pays-Bas et situé dans le quartier des musées. La Gare Centrale est un autre exemple de la Renaissance hollandaise. En face, l’église Saint-Nicolas, protecteur des enfants, des jeunes filles, des marchands et des pêcheurs, est dédiée au culte catholique.
Enfin, on peut observer sur le Rokin, l’une des principales rues de la ville, la statue de la reine Wilhelmine représentée sur un cheval. Symbole d’une Hollande vivante et tolérante, elle est restée un symbole de résistance contre la barbarie : lorsque la Hollande fut envahie par les armées d’Hitler, elle ne cessa de pousser son peuple à la résistance. Elle est restée chère dans le cœur des Hollandais.
Et aussi :
Sources pour les informations historiques et architecturales :
Photographies :
Cécilia et Laurie Strobant. Photo de couverture : Cécilia Strobant.